"Sous des dehors festifs et ludiques, d’installations design en propositions décoratives, Stéphane Calais pourrait bien être en train de nous alerter sur la menace d’assimilation qui pèse sur l’art en général, et les arts plastiques en particulier.
A en croire les apparences, ou à se fier a certaines lectures rapides, Stéphane Calais chercherait a brouiller les pistes. Artiste polymorphe et explorateur de matériaux en tous genres, il multiplie si bien les supports, les médiums et les stratégies plastiques qu’il devient improbable de déterminer l’invariant qui court d’une proposition a l’autre.
Tranchant ainsi catégoriquement avec les choix des artistes des années 70 et 80 désireux de se rendre reconnaissables par une posture esthétique récurrente, Stéphane Calais insiste plutôt sur un processus de création toujours en mutation, pris dans un flux ininterrompu de références hétérogènes, selon une logique de métamorphose quasi-organique qui procéderait par greffes, mutations, ou transplantations. Une oeuvre qui semble mue par une lente vie interne en quelque sorte, a la manière des fleuves ou des nuages.
Toute intention semble ici s’évaporer dans un pur sentiment d’exaltation plastique, comme dissoute dans la légèreté heureuse de la proposition.
C’est qu’il faut sans doute y regarder de plus près, et tenter de briser le sourire de façade qui flotte dans l’air comme celui du chat d’Alice au pays des merveilles.
En définitive, si l’on reprend l’ensemble des installations de Stéphane Calais, nous pourrions bien entendre quelque chose comme une tentative désabusée d’adaptation de son activité d’≪animateur de surfaces≫ a l’interdit catégorique contemporain de se tenir immobile.
Semblable à celui qui ne doit pas arrêter de danser parce qu’on lui tire dans les jambes, l’artiste d’aujourd’hui dont nous parle Stéphane Calais ne doit jamais s’approprier un territoire fixe, sous peine de voir se refermer sur lui le piège de la capture spectaculaire.
Stéphane Calais a si bien intégré la menace, qu’il semble chercher à progresser masque, insaisissable comme le caméléon qui adopte les couleurs de son territoire de passage.
La posture pourrait sembler légère, si elle ne venait tout naturellement nous parler du statut du simple dessin, voire de la peinture, aujourd’hui. Car en effet, depuis ses lampions colorés, jusqu’à ces feuilletages plastifiés, en passant par l’ensemble de ses interventions picturales à même les murs, Stéphane Calais semble être engagé dans une course folle qui consisterait à sauver coûte que coûte la peau d’une pratique plastique en voie de dissolution."
Malgré tout ce qui vient d’être dit cependant, le choix réalisé par le comité d’achat reste dans la ligne suivie jusqu’ici. Les œuvres de Bizien, Franken, Pétrovich ou Zylla, ont en commun une forme d’exécution rapide et gestuelle, proche du dessin ou de l’art du trait oriental et d’ailleurs il y a une ressemblance frappante entre le tableau de Calais que nous avons choisi et un tableau de la série Venise de Franken , acquis par Adriana.
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